Nous luttions pour notre indépendance ; nous nous sommes enchainés
- lewisadudvynej
- 24 nov. 2024
- 3 min de lecture
18 novembre 1803, les soldats de cette portion du monde ont tout donné pour gagner la dignité de leurs personnes. Cette armée indigène, peu équipée et sous-estimée a, par sa bravoure, cloué le bec de l’adversaire qui du même coup était son oppresseur. Ce n’est pas la première fois que des armées indigènes se révoltaient. Ce n’est pas non plus la première fois qu’une armée noire fasse un ravage pareille. Mais, c’est la première fois dans l’histoire, qu’un peuple colonisé tienne tête à son bourreau et qu’il l’affronte.
Cette bataille s’est achevée sur un coup de grâce : la victoire dans le camp des haïtiens et un échec humiliant pour l’armée française. Avec des méthodes et moyens de guerre archaïques, des conditions de préparation et de réalisation non propices, mais ce n’est pas le courage et la détermination qui manquaient. La bataille de Vertières est le début du commencement de la patrie haïtienne.
Cette histoire est racontée dans tous les livres d’histoire de l’enseignement du primaire au secondaire, en Haïti. C’est une fierté nationale.
Mais qu’est-il arrivé à ce peuple si fier de son passé, si combattif quand il s’agissait de sa liberté ? Aurions-nous oublié notre parcours ? Comment en sommes-nous arrivés là ?
L’être humain est changeant, peut-être est-ce l’une des raisons de notre inexistence dans cette lutte face au chaos ? Ou alors, est-ce bien plus profond que le seul reflet apparent de notre égoïsme ?
Ce territoire à l’étendu modeste, regorgeant de merveilles territoriales et maritimes, à l’image de sa population hétéroclite, est classé en 2024 encore, parmi les pays économiquement les moins développés. Bien pire encore, il est actuellement l’un des pays les plus insécuritaires au monde. La source du problème haïtien est certainement d’origine diverses, vu la complexité de son schéma. On retrouve entre autres les problèmes d’ordre anthropologique, économique et politique. Aussi est-il d’actualité de parler du culturalisme.
Une identité culturelle inconnue
Comme l’a si bien dit Albert Camus, « Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. »
Historiquement, le peuple haïtien est culturellement un brassage ethnique. Toutes ces ethnies ont laissé leurs empreintes civilisationnelles dans le résultat final. Africains, européens, asiatiques, américains sont toutes les cellules souches de cette nation. Chaque groupe a conservé une partie de sa racine culturelle et l’a partagée au son cercle social et sociétal. Cependant, force est de constater que l’interculturalité peut être une notion mal cernée.
Par sa définition l'interculturalité est l'ensemble des relations et interactions entre des cultures différentes, générées par des rencontres ou des confrontations, qualifiées d'interculturelles. Cette notion implique des échanges réciproques, elle est fondée sur le dialogue, le respect mutuel et le souci de préserver l'identité culturelle de chacun.[1]
Chacun abandonne une partie de son fondement culturel afin de se laisser imprégner par celle de l’autre. Cependant, se pose la question de savoir où se situe la limite entre l’interculturalité et l’acculturation qui est le processus par lequel une personne ou un groupe assimile une culture étrangère à la sienne.
Cette acculturalité est une teigne dans la société haïtienne. Depuis les années 2000, la jeunesse se tourne vers la culture occidentale méprisant la sienne qui était pour elle une force. Pire que tout, elle copie ce que les occidentaux déplorent de leur propre culture. La jeunesse haïtienne est devenue errante entre des cultures qui ne peuvent compatir et se perd. Sa perte d’identité culturelle l’amène à se rejeter elle-même.
Interculturalité et politique
Les effets de cet enchevêtrement perceptif de sa nature et de son reflet sont une perte de conscience de la réalité de sa situation et une incompréhension de la part des témoins de la situation actuelle.
Cet imbroglio se reflète même dans la politique interne et externe. Le jeu politique et diplomatique, du même coup, est très complexe. Cependant, on peut voir claire à travers la politique haïtienne depuis deux décennies. La patrie est souillée, rejetée par ses dirigeants. La faute à qui ?
Nonobstant les protestations de la classe populaire, les changements espérés ne sont jamais arrivés. C’est à se demander si les frontières psychologiques ne seront jamais effacées et les différences sociales et ethniques, un jour écartées pour laisser place à une cohésion sociale.
L’interculturalité peut être la force d’une nation dans le cas où une autorité légitimée par tous apporte soutient et encadrement au fonctionnement et l’avancement de la société.
Choisir son combat
L’heure n’est plus au tâtonnement ou l’hésitation. Il est plus que jamais essentiel de choisir son camp en ces temps de troubles et de difficultés. Le combat contre soi-même n’est plus permis. Choisir de s’authentifier comme un peuple qui a une histoire si inspirante est la meilleure des décisions.
Vœux de bonheur et pluies de bénédictions sur Haïti. Vive la patrie, vive la nation !!!
Références
[1] Dictionnaire La Toupie
Dictionnaire Le Robert
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